Résumé du livre de Roger Labatut et Adamou Issa
Sagesse de Peuls nomades est l’œuvre d’Adamou Issa et de Roger Labatut. Le livre de 67 pages explique l’organisation sociale, politique, économique de la communauté peule établie au nord Cameroun et sur une partie du Nigéria. De mouvement en mouvement, cette communauté se retrouve également en République centrafricaine et au Tchad. Les Dageeja ou encore Ɓibbe Ɓii Siroma ont en commun avec les autres Peuls nomades la recherche perpétuelle du pâturage pour le bétail.
De l’histoire
Comme la plupart des communautés africaines, les Peuls Dageeja ont connu de nombreuses mutations. Issus de la grande tribu des Woɗaaɓe, les Dageeja font également partie du clan des Nassiou ou Sow et du lignage de Hoorewalde. Après une segmentation en deux groupes, Voɗéeru et Ɓaleeru, la communauté devient Ɓiɓɓe Ɓii Siroma. Ce n’est pas tout. Un arbre généalogique est consigné dans un tableau attestant la structure de lignage de la communauté. Du Nigéria, la communauté Ɓiɓɓe Ɓii Siroma s’est déplacée au Cameroun, au Tchad et en Centrafrique, pour faire prospérer l’élevage, son activité principale. Avec des déplacements internes, ils installent des campements, comme pour dire que ce sont des abris provisoires, selon la disponibilité du pâturage. Mais au cours de leurs déplacements, certains Dageeja se sont sédentarisés dans des régions et se sont impliqués dans la gestion de ces zones.
Dans l’histoire, les auteurs racontent qu’avec les recherches d’un certain Derrick J. Stenning, à l’époque de la Guerre sainte, ces Peuls nomades musulmans appelés aussi Hoorewalde, qui payaient les taxes légales de l’islam à contrecœur, ont participé aux hostilités entre 1805 et 1824, où leur chef Haraande a été tué. C’est alors qu’éclate la guerre de succession entre eux, jusqu’à l’arrivée du colon anglais.
De l’organisation sociale
À la différence des autres communautés, la famille peule nomade se compose des parents, grands-parents, des tantes, des frères et sœurs, mais aussi du troupeau de bœufs, avec à sa tête un Jom-wuro ou chef de famille. L’autonomie est la particularité du Peul, ce qui explique qu’après le mariage, le fils quitte généralement le campement, pour voler de ses propres ailes avec le bétail qui lui est propre.
Parlant du mariage, il en existe deux sortes : le Koobgal, qui est un mariage arrangé de longue date par les familles du futur époux encore enfants et unissant un garçon à sa cousine parallèle paternelle ; le Teegal, qui est un mariage entre adultes consentants.
Ce qui nous amène à parler de l’héritage chez les Woɗaaɓe. Dans leur société, une partie de l’héritage appartient à la mère et la seconde est distribuée par le père de son vivant.
Dans la vie quotidienne, le Peul se soucie toujours du bien-être de son cheptel, d’où la recherche permanente de l’herbe de qualité et de l’eau. Les habitations sont généralement en huttes. Les femmes ont pour tâche de traire les vaches pour la consommation et de vendre l’excédent dans les marchés hebdomadaires.
Après des journées de durs labeurs (promenade avec le troupeau pour les hommes, ménage pour les femmes), la nuit tombée, les femmes restent près de la hutte, les hommes près du troupeau (les jeunes d’un côté, les vieux de l’autre), tous s’asseyent en cercle autour des calebasses de nourriture. Ensuite, place au divertissement : les jeunes filles, à l’écart, chantent en battant des mains et esquissent des pas de danse. Les hommes, eux, sont autour du feu, causent, parlent des difficultés et des exploits qu’ils ont traversés pendant la journée. C’est le moment aussi de se renseigner sur le prix des bêtes et sur l’état des pâturages.
Ce groupe ethnique se distingue par son physique, notamment le visage allongé, le teint clair, les traits fins, le nez mince et les attaches délicates. Disons, la beauté est l’une des caractéristiques des Peuls.
De l’éducation
Dans la société traditionnelle africaine, l’éducation, les valeurs et les principes sont des éléments fondamentaux. Pour mieux véhiculer les messages de sagesse, les sages font recours aux proverbes.
Chez les Peuls, nous enseignent Adamou Issa et Roger Labatut, il existe un code : le Pulaaku ou la vertu peule. C’est une valeur morale transmise de génération en génération qui consiste à apprendre aux jeunes le savoir-vivre dans la société. Notamment, être patient, écouter la conversation des vieux, retenir les proverbes émanant des propos de ceux-ci. De là découlent la sagesse et la noblesse chez les Peuls.
Par conséquent, les cinq vertus du Pulaaku : courage, retenue (patience), mesure, résignation et intelligence. La liberté d’entreprendre et la recherche du bien-être, disons l’autonomie financière, sont des valeurs cardinales dans la vie de la communauté peule.
Pour atteindre ces objectifs, elle met l’intelligence au centre de ses activités.
Plusieurs proverbes comme : « Habile comme le berger qui fait semblant de caresser une vache douce, pour attraper sa voisine qui est d’humeur farouche. »
Également, l’acceptation de son sort ou la résignation, la prudence, l’honnêteté, la retenue sont des comportements à adopter en tout temps, en tout lieu et en toute circonstance, pour rester dans le Pulaaku, autrement dit, pour rester digne d’être Peul.
Ce n’est pas tout, le courage est aussi une vertu, d’autant plus qu’il est indispensable pour toute réussite.
Sagesse de Peuls nomades est une sorte de manuel destiné à ceux qui recherchent des informations actuelles ou passées, et fiables, sur la vie du Peul, tant ses enseignements sont riches et variés. Ce n’est pas une œuvre de trop sur la vie et la culture de la communauté peule.